"L'amour que l'on porte à nos amis se trouve au-delà des mots " Paulo Coelho

L’épouvantail.


« Il s’est fait voler

Les haricots semés à ses pieds

L’épouvantail »

Yayû

« D »épouvantail

en épouvantail

Ils volent les moineaux »

Saranami

Il était une fois, dans un coin paisible de campagne un épouvantail nommé Barbe-en-Paille. C’était un épouvantail d’apparence ordinaire, un petit être difforme perché sur son piquet de bois, des bouts de paille dépassaient par-ci par-là de sa vieille chemise à carreaux déchirée. Peut-être en avez-vous déjà rencontré un comme celui-là en vous promenant dans les champs et jardins lors de votre balade du dimanche, peut-être vous êtes-vous moqué de lui ? Mais sachez que Barbe-en-Paille n’était pas un épouvantail comme les autres. Il vivait au beau milieu du jardin de Monsieur Marcel, l’agriculteur entouré des fruits et légumes dont il avait la garde.

Tous ses petits végétaux l’adoraient car l’épouvantail ne manquait pas de qualités : il ne racontait jamais de salades, savait s’occuper de ses oignons et avait toujours la pêche !

Il accordait une attention particulière à la rangée de petites carottes qui grandissaient de jour en jour à ses pieds. Voir leur coiffure hirsute s’agiter au moindre courant d’ air l’ amusait beaucoup, ce qui ne dérangeait pas du tout les fillettes oranges .De toute façon Barbe-en-Paille le savait bien, les carottes ont toujours été aimables.

Cependant notre épouvantail ne savait pas toujours tout, du haut de son piquet observatoire une multitude de questions trottaient dans sa tête de paille. « Mais pourquoi donc les tomates rougissent-elles quand je les regarde ? Pourquoi dit-on que les bébés naissent dans les choux ? Il n’ y pas de bébés dans mes choux à moi. Pourquoi je fais fuir les oiseaux ? »

En effet Barbe-en-Paille faisait fuir tous les oiseaux du pays, sauf M. Corbeau. Tous les matins son ami l’oiseau venait se percher sur son épaule pour discuter et surveiller ensemble le jardin.

Mais un jour, alors que Barbe-en-Paille et Corbeau étaient en train de faire l’appel de tous les légumes, un terrible orage éclata. L’oiseau noir déploya ses ailes et s’envola à toute vitesse dans le ciel laissant le pauvre épouvantail seul sous la tempête. Les éclairs fendaient le ciel de leur lumière éclatante, derrière les nuages noirs le tonnerre grondait tel un lion en colère.

Soudain la foudre s’échappa du ciel et s’abattit sur Barbe-en-Paille. Son petit corps de paille commença à prendre feu ! Seul face à cette terrible catastrophe, la pauvre victime ne pouvait se défendre. Il était en train de faire ses derniers adieux à ses petits légumes lorsqu’il sentit un jet d’eau couler le long de son corps.

L’arrosage automatique ! Une petite carotte avait sûrement réussi à tourner le robinet grâce à son feuillage ! La grosse flamme devint petit à petit une simple lueur, puis enfin disparut.

Barbe-en-Paille était sain et sauf, mais une fois la tempête terminée, le résultat n’était vraiment pas beau à voir. La foudre avait causé des dégâts considérables sur le pauvre bonhomme de paille. Son corps était désormais à moitié brûlé, le rendant méconnaissable.

Marcel qui labourait le champ d’à côté, sur son tracteur aperçut Barbe-en-Paille ou du moins ce qu’il en restait. Il fut à la fois triste et choqué de voir l’épouvantail qu’il avait fabriqué avec tant d’amour dans cet état. Mais il remarqua que des oiseaux et toutes autres sortes de bêtes commençaient à envahir son jardin. Il comprit que Barbe-en-Paille qui avait été réduit par la foudre, ne leur faisait maintenant plus peur.

En effet, il avait perdu toute son efficacité.

Marcel décida alors de l’enlever du jardin et de l’emmener à la décharge, afin de le remplacer par un autre épouvantail plus performant. L’agriculteur ne pouvait se douter de la peine immense qu’il était en train de causer à tous ses fruits et légumes.

En s’approchant de plus près, on pouvait voir de minuscules gouttes de larmes, couler le long des petits corps orange des jeunes carottes. Les tomates finirent de rougir et les belles robes vertes des choux et salades se mirent à dépérir.

Barbe-en-Paille, contraint et forcé, s’éloignait peu à peu du jardin. Transporté comme un baluchon, il jetait un dernier regard en arrière par-dessus l’épaule de Marcel lorsque sorti de nulle part, surgit le corbeau noir !

Il fonça tout droit sur Marcel, en poussant des croassements terrifiants. A ce moment poussa simultanément dans tous les petits cœurs de légumes une lueur d’espoir : peut-être Corbeau réussirait-il à sauver leur ami ?

L’oiseau noir se posa sur l’épaule de l’agriculteur, le regarda fixement dans les yeux, puis lui piqua d’un coup sec ses vielles lunettes !

Marcel totalement déstabilisé, se mit à courir tant bien que mal derrière le corbeau qui se percha sur une branche. L’homme qui n’ y voyait plus très bien, comprit où la bête noire malicieuse voulait en venir et lui proposa un marché : « Oh mon beau corbeau, si tu me rends mes lunettes, je laisse ton ami dans le jardin ». A ces mots l’oiseau ne se sent pas de joie, il ouvrit un large bec et laissa tomber sa proie !

Ainsi Barbe-en-Paille retrouva sa place au sein de son beau jardin, Marcel le raccommoda avec de la paille toute neuve, et les légumes heureux de retrouver leur épouvantail protecteur et confident remercièrent le gentil corbeau.

Marcel repartit vers sa ferme, arrivé au bout du chemin il entendit une voix derrière lui ressemblant à un croassement qui l’interpellait et lui dit : « Apprenez que tout légume vit aux dépends de celui qui l’écoute ; cette leçon vaut bien un potage sans doute ».

Conte rédigé par les élèves du Legta Les Vaseix dans le cadre du projet « Mots à croquer » :

Barbe-en-paille (par Manon Couleau, Seconde 2, Legta les Vaseix)

2 Réponses

  1. Bravo aux élèves du Legta !!! J’ai croqué leurs mots avec délice !
    Biz de ta presque jumelle

    06/08/2013 à 21 h 23 min

  2. Le bonhomme de neige a vu l’épouvantail
    Qui se morfondait, seul, au fond d’un pâturage.
    Il lui dit : Partons donc, tous les deux, en voyage,
    L’hiver n’est pas pour toi la saison du travail.

    Mais, comme aucun des deux ne portait de chandail,
    Ils ont fait un grand feu, pour avoir du chauffage.
    L’un brûle, l’autre fond, ne laissant, quel dommage,
    Que de petits morceaux de leur bel attirail.

    23/09/2014 à 11 h 22 min

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